Les refuges blancs de l’Andalousie

Accrochés aux crêtes des sierras, ces villages aux airs de médinas mélangent vestiges de forts arabes, églises et palais de la chrétienté.

Dans cette région du sud de l’Espagne, le tour des villages blancs est une must des circuits touristiques. Cette vingtaine de bourgs se perchent sur les éperons rocheux de la sierra de Ronda, à cheval entre les provinces de Cadix et de Malaga. Au XVe siècle, ce massif montagneux fut en effet la dernière frontière entre les mondes chrétien et musulman. D’où le suffixe « Frontera » que beaucoup de villages ont accolé à leur nom.

Les Maures, qui les occupèrent durant près de huit siècles, y ont laissé leur empreinte. Les ruelles émaillées de fontaines débouchent sur des patios fleuris, et les maisons accrochées aux crêtes prennent des airs de médinas. La tradition de blanchir leurs murs à la chaux est d’ailleurs un autre legs des Arabes.

La position stratégique de ces villages explique aussi la présence de nombreux châteaux forts mauresques. Leurs vestiges veillent encore sur les hameaux d’Espera, de Gaucin, d’Olvera et de Prado del Rey. Depuis les tours qui dominent les maisons en forme de cubes blancs de Casares, on peut voir, par beau temps, le rocher de Gibraltar. Et les habitants de Castillar de la Frontera vivent toujours à l’abri d’une enceinte fortifiée parfaitement préservée.

Après la reconquête de ces bourgades à la fin du XVe siècle, les Espagnols s’empressèrent d’y apposer leur marque. À Arcos de la Frontera, juché au bord d’une falaise qui domine le fleuve Guadalete, la basilique gothique de Santa Maria fut érigée à la place de la mosquée, tandis que Benaocaz s’est pourvu d’un hôtel de ville baroque et d’une église Renaissance.

Érigée à cheval au-dessus des gorges du río Guadalevín, la petite ville de Ronda illustre ce mélange de civilisations. Les opulentes demeures de style mudéjar y alternent avec les palais Renaissance, et les églises gothiques côtoient un minaret du XIVe siècle et des bains arabes parmi les mieux conservés d’Espagne. Le nouveau centre, bâti aux XVIIIe et XIXe siècles, abrite les arènes de la cité. Leurs deux étages de colonnades leur ont valu le surnom de « cathédrale de la tauromachie ». Édifiées en 1875, elles sont les plus anciennes du pays encore en activité. Plusieurs dynasties de toreros y tinrent la muleta et l’épée, comme celle des Romero, dont le fondateur, Francisco, est considéré comme le créateur de la corrida moderne.

Le circuit des villages blancs permet également de découvrir les beautés naturelles de la région. Celui d’El Bosque sert de porte d’entrée au parc national de la Sierra de Grazemela, aux falaises calcaires couvertes d’une forêt méditerranéenne.

Jimena de la Frontera, lui, garde l’entrée du parc de Los Alcornocales, qui abrite l’une des plus vastes forêts de chênes-lièges de la péninsule ibérique (170 000 hectares). Des terres sauvages qui offrent un rempart protecteur à ces hameaux isolés où se cultivent toujours les vergers, la vigne et l’olivier.

Conseils aux voyageurs :

  • Quand partir ? La circulation sera plus aisée de fin mars à début juin, et de mi-septembre à début novembre.
  • À voir : les arènes de Villaluenga del Rosario, creusées dans la roche.
  • À faire : goûter aux excellentes productions de la région : huile d’olive, viandes fumées et vins.
  • Ne pas oublier : renseignez-vous sur les nombreuses fêtes, célébrations et processions locales

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